KIRA

La journée avait été longue, terriblement longue pour Reilly. Elle n’avait pas assisté au prime la veille car un maux de tête tenace l’avait clouée au lit, l’empêchant même de garder la lumière allumée. Elle avait tenté de se reposer un maximum, mais c’était peine perdue, elle n’avait pas réussi à fermer l’œil de la nuit. Aujourd’hui, elle s’était donc levée très tôt, alors que ses camarades dormaient encore. Le prime avait dû les fatiguer, ce qu’elle comprenait parfaitement. Mais agacée de tourner en rond dans son lit, elle avait quitté la pièce aux alentours de sept heures. Elle avait erré dans le château tel un fantôme à la recherche de quelqu’un tout aussi matinal qu’elle, mais c’était peine perdue. La jeune femme avait donc finalement passé une bonne partie de la matinée au gymnase, à faire du sport tant que son mal de crâne avait disparu. Ensuite était venu l’heure du repas, et alors que certains s’étaient empressés de se recoucher, elle avait à nouveau déambulé dans le château tout l’après-midi, s’occupant cette fois-ci dans la salle de jeux. Aux alentours de vingt heures, la fatigue se fit à nouveau ressentir. Grignotant un petit truc avant de monter à l’étage, elle fit un dernier brin de toilette avant de se changer, prête à se coucher. C’était tôt, certes, mais elle tenait à peine debout. D’autant plus qu’à cette heure-ci, pas de risque de trouver quelqu’un dans la cabine. La jeune femme ne mit pas plus d’une dizaine de minutes avant de sombrer dans les bras de Morphée. Bonheur qui ne dura pas jusqu’au lendemain matin, puisqu’un bruit soudain dans la cabine l’a fit sursauter, poussant par la même occasion un léger hurlement. « Qui c’est ? »  dit-elle d’une voix éteinte, tandis qu’elle sortait la tête de la couette. On sait jamais hein, avec Britta dans la cabine, qui pouvait débouler au milieu de la nuit.

Il faudrait vraiment que Reilly améliore sa résistance au sommeil. Ainsi partie, elle ne tiendra clairement pas le même rythme que ses camarades. Déjà que lors des primes c’est exceptionnel qu’elle tienne jusqu’au petit matin, autant dire que c’était inutile de compter sur elle passé minuit, sauf cas exceptionnel. Son travail l’avait toujours obligée à se coucher et se lever tôt, et elle n’arrivait pas à changer ses bonnes vieilles habitudes du jour au lendemain. S’ajoute à cela un sommeil très léger, autant dire qu’elle réunissait toutes les conditions de la bonne chieuse. Sommeil léger qui s’était d’ailleurs manifesté à peine la porte s’étant ouverte. Reilly n’avait pas pu s’empêcher de demander qui c’était, alors que la question était relativement stupide, puisqu’il était fort probable que ce soit l’une de ses camarades. C’est donc Moi. Très pratique. Finalement, la candidate se présenta enfin, Kira. Bon, au moins, ce n’était pas Britta qui ramenait une de ses conquêtes. Et Kira s’excusait même, si elle n’était pas merveilleuse. Émergeant peu-à-peu de son sommeil, elle parvint enfin à faire une phrase complète. « Non, non t’inquiète, un rien me réveille. » Il fallait tout de même reconnaitre que Kira n’avait pas fait des pas d’éléphant en entrant dans la pièce. « Tu viens te coucher ? La mémé de la cabine que je suis à de la concurrence. » dit-elle avec un léger sourire. « Il s’est passé quoi au prime hier ? » demanda-t-elle soudainement. Non, parce que mine de rien, ça l’intriguait puisqu’elle n’avait pas pu participer. Elle avait entendu parler de dilemmes, mais est-ce que c’était la seule chose qui avait rythmé le prime ? Pas sûr. « Enfin, non, laisse, je veux pas t’emmerder si tu veux dormir. » Oui, elle n’avait aucune envie de passer pour la rabat-joie qui tape la discussion alors que Kira ne souhaitait que dormir en paix.

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