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 (jude) rps 2024

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MessageSujet: Re: (jude) rps 2024   (jude) rps 2024 - Page 3 EmptyMer 2 Oct - 17:23

common sense don’t get me far

w/@"alba alcaraz" ☆☆☆ me and my drifter mind, hot in the water, lost in the tide. yeah, i always think twice and go back for a third time. common sense don’t get me far, excuses made for the man that you are. yeah, i always think twice, but i still wonder why i go back for a third time.

Au début, c’était par lâcheté.

C’est à l’étage du dessous que Jude était supposé se rendre, une fin d’après-midi, pour rejoindre ce groupe auquel il est obligé de se soumettre à intervalles réguliers (son agent de probation a dit « une fois par semaine et avec de la bonne volonté », il a entendu « une fois par mois si tu y penses »). Il n’avait pas encore mis les pieds dans l’immeuble qu’il avait déjà envie d’opérer un demi-tour et de jeter ses résolutions tardives à la poubelle, s’assurant ainsi un aller sans retour dans son ancienne cellule, sans même que la perspective ne l’effraie. Pire encore, elle a quelque chose de nettement plus rassurant que la vie qui est la sienne actuellement, composée d’efforts toujours plus difficiles à maintenir sans qu’il n’y voie une raison – le but qu’on lui a promis, une vie qui fonctionne, relève désormais plus de l’utopie que de la réalité. S’il devait se pencher sur la question, Jude n’aurait pas de peine à mettre en avant le problème, qui est relativement simple : il n’y a rien qui fonctionne. Sa colocation se casse la gueule depuis le départ de Louis et sans doute sa prochaine mise à l’écart ; il a récemment été licencié de son poste de livreur à domicile parce qu’il ne donne pas l’impression de vivre pour le plaisir de distribuer des nouilles sautées au milieu de la nuit et sa sobriété n’est qu’aléatoire, dépendante d’une anxiété qu’il n’arrive pas à maîtriser sans l’aide de ses pilules magiques. Il coche toutes les conditions pour retrouver son lit de camp et la peur au ventre, et puisqu’il semblerait que la société (à commencer par sa famille) a statué sur son avenir, Jude ne cherche même plus vraiment à prendre un autre chemin que celui qu’on lui prédestine. Sans doute qu’il n’est pas assez bien pour cette vie qui fonctionne et que, de toute manière, il n’a pas mérité que ce soit le cas. Il s’est foutu dans la merde tout seul, peu importe les raisons qui l’ont amené à toutes ces mauvaises décisions, elles font partie intégrante de son être et rien ne pourra changer la nature corrompue et putride qu’il y a en lui. Il serait temps qu’il l’intègre, qu’il ne cesse de se répéter – et si la litanie tourne en boucle, n’est-ce pas le signe qu’il refuse d’y croire ?

Puis, c’était par simple curiosité.

Il s’était pointé ici pour éviter la réunion d’au-dessus, pour éviter d’être confronté à des récits bien trop réels pour son propre bien ; il n’avait même pas cherché à choisir un groupe en particulier, il s’est contenté d’entrer ici pour au moins prétendre avoir tenu ses engagements, peu importe si les détails n’étaient pas les bons. On lui a collé du groupe de soutien, ils auront du groupe de soutien ; tant pis s’il s’agit de personnes endeuillées qui n’ont rien à voir avec lui – qui pourrait bien lui manquer alors que personne n’est mort dans son entourage proche ? Jude s’était caché ici malgré sa grande taille, restant au fond, silencieux, dérivant le regard dès que celui des autres pouvait venir jusqu’à lui, alors qu’il faisait tache, encore plus que dans la salle du haut. Pas l’âge d’être en deuil, et au fil des récits, il s’était passionné pour la nature des détails donnés, les mimiques sur les visages des intervenants, le son de leurs voix, murmurant parfois de manière inaudible pour lui-même à mesure qu’il répétait leurs récits pour mieux se les approprier. Leur histoire ne deviendrait pas la sienne, mais la manière de la conter, oui, s’assurant ainsi de s’intégrer parfaitement dans le décor si sa couverture venait à être grillée.

Désormais, c’est un jeu malsain.

Il s’était persuadé que ce n’était le temps que d’une séance pour fuir, puis d’une seconde pour ne pas jouer, à choix, au voleur ou au fouineur ; potentiellement une dernière pour que l’ordre du monde ne soit pas bousculé par son irrespect de l’adage « jamais deux sans trois ». Il y en a alors eu une troisième, puis désormais une quatrième ; Jude n’a jamais ouvert la bouche, se mordant l’intérieur de la joue quand on essaie de l’y pousser, faisant ainsi monter les larmes à ses yeux pour prétendre une émotion encore trop vive, portant la manche de son pull à son nez pour mimer de l’essuyer alors qu’il respire les vapeurs mentholées du tube caché dans sa manche pour s’assurer d’une plus grande crédibilité. Alors on le laisse tranquille. Et cette sérénité lui fait du bien ; autant que le fait de relativiser, aussi malsain que cela puisse être. Personne n’est là pour lui prendre la main et lui dire que tout ira bien ; alors Jude, il force le destin et il se nourrit des malheurs des autres pour se convaincre lui-même que oui, tout ira bien, mon garçon.

L’animateur du groupe, d’un âge estimé entre la retraite et la mort (c’est dans le thème, bravo à lui), clôture la séance en s’adressant au groupe, son regard surfant sur les concernés par ces quelques mots : « Merci à tous et souhaitons encore une fois la bienvenue à ceux qui nous rejoignent en cours de route, en espérant que la force des autres permette à la vôtre de s’exprimer. » Il roule des yeux, Jude, et soupire légèrement quand le type le fixe avec son sourire bienveillant qu’il aimerait lui faire ravaler. Le petit groupe commence à se disperser, Jude reste prostré sur sa chaise pour s’assurer de ne pas être arrêté près de la porte par un dépressif en besoin d’attention. Ses pieds coincés dans l’espace entre le siège et le dossier de la chaise devant lui, ses genoux presque à hauteur de ses épaules alors qu’il se cambre un peu plus pour disparaître, il marmonne d’une voix supposée imiter celle de l’homme, pour lui-même : « Eh, bienvenue dans notre groupe de dépressifs notoires, où le café est dégueulasse et les larmes obligatoires, amusez-vous bien, surtout. » Est-ce que ça le fera fuir pour autant ? Absolument pas. Est-ce qu’il se rend compte du paradoxe de la situation ? Tout à fait. Il râle, fermant les yeux en inspirant profondément, secouant la tête en se demandant pourquoi il est ici (personne ne l’oblige, et ce n’est pas tant la question que de savoir pourquoi il se comporte ainsi). Et quand il rouvre les paupières, il aperçoit une jeune femme qui semble l’avoir grillé, au bout de la rangée devant lui. Ce n’est pas qu’une jeune femme ; c’est Alba, la seule dont il a retenu le prénom, sans doute parce qu’ils sont les seuls fœtus perdus au milieu des ancêtres. « … J’suis très sélectif sur le café, j’y peux rien. » Qu’il se justifie finalement en haussant les épaules, décrochant ses jambes du siège devant lui pour les reposer au sol et ainsi se redresser sur sa chaise pour reprendre contenance.


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(jude) rps 2024 - Page 3 Vide
MessageSujet: Re: (jude) rps 2024   (jude) rps 2024 - Page 3 EmptyJeu 3 Oct - 23:12

i'm only getting started

w/@"alma flores" ☆☆☆ Jude n’a pas besoin de raison spécifique pour se sentir aussi mal à l’aise. Son anxiété est une sorte de Gremlin qui l’accompagne au quotidien, sauf qu’il n’a pas besoin de l’exposer à la lumière du jour, à l’eau ou de la nourrir après minuit pour qu’elle le domine ; non, il n’a qu’à respirer pour qu’elle ne cesse de se multiplier, de grandir, et de lui causer des tracas. À lui tout seul, et en moins de dix minutes, il illustre tout ce qu’il ne faut pas faire lors d’un premier date, même s’il a oublié la première règle le concernant : ne pas s’y rendre, tout simplement. Dans un geste qu’il juge amusant, mais qu’il découvre très vite être affligeant, Jude lève les pouces en l’air dans une confirmation silencieuse que tout va bien – le seul fait qu’il agisse ainsi démontre pourtant que rien ne va. « Tu es vraiment différent. » Oh, génial, c’est exactement ce qu’il lui fallait comme réflexion ; différent, ou l’adjectif qu’on utilise quand on ne veut pas vexer quelqu’un. Ce vieux-là, il est vraiment différent (pour ne pas dire qu’il est intolérable et qu’on se réjouit que la Faucheuse frappe à sa porte), oh et ce gamin-là, lui aussi il est si différent des autres (pour ne pas admettre qu’il chouine tellement qu’il est à lui tout seul une publicité ambulante pour les méthodes de contraception). Et alors qu’il ne pensait pas que cela pourrait être pire, elle pose sa main. sur. son. bras. Un geste amical qui se veut hautement dangereux quand il s’adresse à un puceau de vingt piges, et peut-être même qu’à baisser la tête ainsi sur ledit bras il finit même par loucher un peu tant il essaie d’imprimer cette action dans son esprit. Une fille – qui n’est pas une amie ou de sa famille, précisons-le – lui a touché le bras et c’est un feu d’artifice dans le crâne de Jude – même s’il se rend compte du ridicule de la situation. « Oh rassure toi c’est une bonne chose, je veux dire j’ai vraiment aimé nos conversations tu sais. » Lui, il s’en fout un peu des conversations à ce moment-là, il se souvient même pas lui avoir parlé, elle touche son bras je vous rappelle, et le système qui lui sert de cerveau a cessé de fonctionner il y a déjà quelques longues secondes. « C’est ça qui m’a plu si tu veux tout savoir. » Le problème, c’est qu’il n’a aucune conversation, Jude, quand il s’agit d’être spontané, de se montrer sympathique et de savoir se vendre. Il n’a jamais été très doué pour paraître agréable aux yeux des autres, probablement parce qu’il n’a aucune valeur à ses propres yeux et qu’il est ainsi difficile de donner l’impression du contraire aux yeux des autres. « Ah euh oui, nos conversations, moi aussi j’ai beaucoup aimé parler avec toi c’était… euh… vraiment très… parlant ? » Excusez-le, mais il ne sait plus vraiment aligner des mots qui forment des phrases tant il est perturbé par ce qu’il vient de se passer. C’est ridicule, oui, et ce n’est pas tellement un besoin de rapprochement intime que le simple fait que quelqu’un l’ait touché, un simple geste affectueux comme il n’en connait plus depuis des années – à tel point où il n’arrive même pas à se souvenir de la dernière fois où quelqu’un lui a caressé la main ou l’a serré dans ses bras. Son cas pourrait faire l’objet d’une étude sociologique, et c’est la raison pour laquelle il prend peur lorsqu’Alma mentionne son travail. « Jude tu es avec moi ? » Sa main a quitté son bras et il parvient à relancer les connexions, assez pour secouer doucement la tête par l’affirmative. Oui, oui, il est là. Physiquement. Mentalement, c’est une autre histoire, il est perdu quelque part entre l’envie de sautiller et celle de s’enterrer dans une tombe (le spectre est donc très large, sans doute trop). « Non ce n’est absolument pas le cas, je veux dire que je suis parce que j’en ai envie, c’est la seule raison pour laquelle j’ai voulu ce rencard ? » - « T’as pas encore changé d’avis ? » Qu’il s’empresse de demander, par automatisme. De pire en pire. Elle avait envie de ce rencard, mais quel genre de femme est-elle ? Celle qui s’intéresse aux causes perdues, qui récupère les escargots aux coquilles brisées pour les soigner chez elle, ou qui ne s’empresse pas de faire opposition quand elle souscrit à un ordre permanent auprès d’une association quelconque. Ouais, une belle personne, qui va bientôt se maudire de ne pas avoir plutôt eu envie d’un plat à l’emporter – au moins elle aurait pu le jeter en réalisant qu’il n’est pas à son goût et franchement douteux, oui. Le seul bon point qu’on peut accorder à Jude n’est même pas volontaire, alors que s’il s’écoutait, il aurait déjà lorgné depuis de longues minutes sur sa silhouette, pas tant par perversité que parce que l’occasion de voir une femme aussi magnifique de près ne lui ai pas souvent donnée. « Je suis sérieuse, si tu vois la normalité à me demander comment j’aime le faire et dans quelle position ou mieux à plonger le regard sur ma poitrine et me demander la taille de celle-ci, alors j’imagine que la normalité est loin de me convenir. » - « Ah c’est euh… argh, c’est bah pas très… hm. » Putain, Jude, dis quelque chose, maintenant, le premier mot qui pourrait convenir face à de telles attitudes : désobligeant ? Irrespectueux ? Déplacé ? Inconcevable ? Dégoûtant ? « Sympa. » Pas. Très. Sympa. C’est pas très gentil d’être méchant, bravo, plus besoin de lui dire qu’il n’a pas terminé le lycée parce qu’il est le genre qui comprend vite, mais à qui il faut expliquer longtemps. Les yeux écarquillés face à une telle franchise, déglutissant et manquant de s’étouffer, Jude est partagé entre la gêne et le dégoût. La gêne, parce que voilà un sujet sur lequel il essaie de ne pas s’épancher – derrière ses airs de petit pervers, se cache surtout un lointain cousin de Mary Ingalls – et le dégoût, parce qu’il n’y a définitivement aucun homme pour rattraper les autres (pas même lui, alors que son regard qui n’a pas flanché est dû au fait de ne pas perdre le contrôle de ses réactions physiologiques plus que par éducation féministe). « Je ne dis pas que je n’aime pas qu’on me regarde, mais disons que ça fait du bien aussi qu’on puisse le faire autrement. » Oui, ça se comprend. Enfin, non, ça se comprend pas parce qu’il n’a pas la chance de sentir le regard des autres sur lui. Il ne sait pas ce que c’est que de se sentir aimé, et encore moins désiré. Ce ne sont pas des sentiments qui s’adressent à lui, il l’a enregistré dès l’adolescence où les vents décrivaient plus souvent ses échecs que la météo, tandis que ses camarades se mettaient en couple les uns après les autres (et, souvent, les uns avec les autres). « A moins que je ne te plaise pas ? » - « Qu-quoi ? Non, non, non, pas du tout, oh non, mais non, enfin, non ! » Non, dans l’hypothèse où elle ne l’aurait pas compris. « Non, oula, non, tu me plais vraiment beaucoup. » Trop, même. Elle est l’équivalent pour lui de ce que la princesse Leïa était pour les hommes à l’époque de la sortie de Return of the Jedi. « Je t’assure Alma, physiquement t’es… vraiment très belle. Hors catégorie, même. T’es… euh la Rolls-Royce de ton domaine, le p’tit bout d’salami que le boucher nous donne en plus, ou le carré de chocolat qu’on nous offre en dégustation dans un magasin, tu vois, t’es au-delà de tout le reste c’est pas comparable. » Si. À un bout de salami et un carré de chocolat. « Tu peux… tu peux oublier les deux dernières comparaisons ? On va rester sur la Rolls-Royce. Même si, ouais, je sais, comparer les femmes à des voitures c’est un truc de gros beauf, promis ça me ressemble pas, j’ai même pas le permis, en fait. » Il aurait aussi pu la comparer à la pelle qui l’aide à creuser sa tombe ; particulièrement séduisante à cet instant, oui. « Tu vas peut-être trouvé ça surprenant, mais je trouve que à ta façon, tu as du charme. » Il manque de s’étouffer, particulièrement étonné par ce constat, à deux doigts de sortir son téléphone et lui demander de répéter pour l’enregistrer et l’écouter dans les moments où son estime de lui est au trente-sixième dessous (donc, toutes les dix minutes). « Tu vas pas t’étouffer j’espère ? » Oh, si, Alma. Tel que tu le vois, c’est déjà un exploit qu’il ait résisté à la syncope, alors qu’il se répète les mots en boucle : tu as du charme, tu as du charme, tu as du charme. Son élan de confiance est vite rattrapé ; à ta façon, à ta façon, à ta façon. C’est une reformulation, un peu à la manière d’un tableau dont on voit pas la beauté et qu’on juge « abstrait », ou d’un dessert qu’on trouve dégueulasse et qui est considéré comme « expérimental ». C’est une manière de dire que lui-aussi à la gueule abstraite, sans doute. « Non, je-désolé. Je… j’sais pas, c’est juste que physiquement, t’es plusieurs niveaux au-dessus de moi, quand même et je-je m’y attendais pas, ouais. Ça me surprend, même, que tu puisses me trouver du charme, mais c’est… enfin, merci. C’est gentil. » Help, il n’a pas les codes. On fait quoi, exactement, quand quelqu’un précise qu’on a du charme ?

Jude ne s’attendait pas à ce qu’elle soit séduite par l’endroit, il aurait préféré une autre réponse, quelque chose comme : je suis allergique au grand air, et ce n’est que lorsque Alma le regarde d’une étrange façon qu’il comprend que la réflexion a dépassé la barrière de ses lèvres. « Je suis pas certaine d’avoir bien entendu, je veux dire si tu es allergique au grand air, c’est pas étrange de venir ici, dans ce grand jardin justement au grand air ? » - « Oh j’ai- non, je disais  que-que je suis très énergique au grand air. » Presque rattrapé. « Dans le sens où, comme tu le sais, j’adore la nature et tout ça, à tel point que visiblement je peux même pas garder mes déclarations d’amour pour elle dans ma tête, ah ah. » C’est peut-être vraiment elle, la femme de sa vie. La seule qui le supportera ; et peut-être qu’il finira comme ces vieux aigris à vivre dans une cabane en bois qui tombe en ruine, mais à se contenter de peu parce que « c’est ça, la vie, la vraie » qu’il se dira pour se réconforter d’être passé à côté de son existence. « Je peux comprendre, et puis tu es déjà assez nerveux comme ça, je n’ose pas imaginer si tu rencontrais un de tes anciens rencards ici et pendant que tu es avec moi. » - « Je partirais en courant, évidemment. » Il dit, avant de laisser échapper un léger rire : « Non, je plaisante, hein. C’est pas mon genre, mais j’sais pas, oui je serai nerveux, sans doute. On va éviter d’y penser, il y a peu de chance que ça arrive, quand même. » Notons qu’il a parlé d’une chance et non pas d’un risque, signe que ce serait une échappatoire qui ne le dérangerait pas – on est quand même sur quelqu’un qui apprécierait une crise en public pour se débarrasser d’un rencard, mais sinon rien ne cloche dans leur association, voyons. « Je vais pas te mentir, j’adore ma vie, vivre en ville, mais je suis aussi quelqu’un qui a besoin de s’évader loin d’ici, tu es plutôt de la campagne, moi c’est la nature où j’aime me retrouver, parfois je trouve ça apaisant et ça me permet de me déconnecter. » Il s’apaise une fraction de seconde, ravi de constater qu’il y a au moins un point de la conversation qu’il maîtrise. « Je suis tout à fait d’accord avec toi. Je crois que c’est la seule chose que je reproche à Brisbane, c’est cette agitation perpétuelle, même enfermé dans son appart il y a toujours un klaxon dans la rue, un voisin qui parle fort, de la musique quelque part, et j’ai l’impression que ça fait des années que je n’ai pas connu le silence pur, même pour quelques secondes. » Il est lui-même surpris par ce besoin qu’il n’avait jamais évoqué à voix haute, une forme de sérénité qu’il est incapable de trouver avec ses pensées qui prendraient le relais du silence. C’est épuisant, et pas seulement à cause d’une maladresse constante, mais surtout d’une paix qu’il n’a jamais eu l’impression de connaître.

Ses tentatives de compliments tombent à l’eau, même si Alma est désormais assurée que, physiquement, elle lui plait. « Je ne ressemble quand même pas a un pot de peinture ? Si ? » - « Non, non, pas du tout. » S’il voulait encore enfoncer un peu plus son cas, il pourrait préciser qu’il côtoie tellement peu de femmes de si près qu’il n’a absolument aucun élément de comparaison, qu’elle se rassure. Qu’est-ce qu’il voulait préciser, déjà ? Il l’oublie à la seconde où elle pose une main sur son pectoral, provoquant des frissons qu’il ne parvient pas à maîtriser. Faut qu’elle arrête de le toucher comme ça, comme s’ils étaient intimes parce qu’il va finir par y croire, dis donc. « Et que te dis donc ta première impression sur moi ? Je suis bien curieuse de le découvrir. » Oh shit. Ça ressemble à une phase de test, il faut absolument qu’il trouve les bons mots, c’est à ce moment-là que tout se joue pour lui. « Euh, alors sincèrement ? T’es intimidante. Pas dans le mauvais sens du terme, oh non, mais parce que tu as confiance en toi. Et je sais que malheureusement pour vous les femmes c’est souvent une qualité qu’on vous reproche, mais crois-moi c’est pas une mauvaise chose, bien au contraire, c’est plutôt … rafraîchissant ? T’as pas l’air du genre à t’excuser d’être qui tu es, de dire ce que tu penses et de savoir ce que tu veux et c’est plutôt admirable, en fait. » Il dit, ne sachant pas si elle s’attendait à une première impression physique (dans quel cas la réponse aurait été nettement plus courte : ‘’wow’’), mais parce qu’il a bien compris qu’elle est trop souvent renvoyée à sa plastique avantageuse, Jude n’a pas envie d’en rajouter une couche même s’il n’est pas aveugle. Ce qu’il retiendra à l’issue de cette soirée, ce n’est pas sa silhouette, mais l’aura intimidante qui se dégage d’elle et il est envieux. Parce que lui aussi aimerait se sentir aussi sûr de lui, vivre comme s’il appartenait à ce monde et pas comme s’il lui devait forcément prouver quelque chose pour garder sa place. « Et... » De ton côté ? Il n’ose pas terminer sa phrase, secouant doucement la tête pour lui faire oublier qu’il a repris la parole ; elle a beau être gentille, il sait aussi qu’il n’est pas à son avantage et que même en adoucissant la vérité, elle ferait quand même mal. « Je ne sais pas trop ce qui ce passe dans ta tête, à la fois tu parais avec de l’assurance ou du moins dans tes dires qu’on a pu échanger et d’un autre je te vois complètement paniqué au point de me demander à qui j’ai réellement affaire. » Il a envie de rire durant un instant ; moi non plus, j’ai aucune idée de ce qu’il se passe dans ma tête, Alma. « Je viens de te le dire, tu m’intimides. » Il se défend, avec un léger sourire pour ne pas que ce soit pris comme un reproche. Mais il ne saurait lui donner une autre explication, hormis le fait que lui-même n’arrive pas à suivre son propre comportement, et qu’il n'est pas celui qu’elle croit. « J’espère qu’on est bientôt arrivé, tu piques vraiment ma curiosité je dois dire. » Et elle se mordille les lèvres. Elle fait exprès. Ce n’est pas possible autrement, c’est une femme désirée, elle sait ce que ce genre de geste peut faire fondre n’importe qui (surtout un type comme lui, à qui adresser un sourire équivaut à une demande en mariage). Il aimerait bien poursuivre sur ce chemin de confiance nouvellement retrouvée, mais c’est peine perdue ; il ne peut s’empêcher de la fixer un peu trop longtemps, particulièrement émotionné par ce petit geste qui ne relève pas de grand-chose, mais qui équivaut à une grande première à ses yeux. Des yeux qui se noient dans ceux d’Alma, alors qu’elle continue de jouer avec le feu. « Juste un café ou tu t’es imaginé autre chose ? Je suis bien curieuse de découvrir ce que tu dois avoir en tête là tout de suite. » - « Euh je- euh bah c’est-à-dire que… » Il a bien des choses en tête, mais étonnamment pas de celles qu’elle pourrait s’imaginer ; il panique. Est-ce qu’elle le drague ? Est-ce que le date prend déjà une tournure qu’il n’imaginait pas être possible avant le dixième, non, vingtième au moins (soyons réalistes) ? Est-ce qu’elle est tellement en manque (comment est-ce possible ?) qu’elle serait capable de se contenter de lui ? Qu’il n’ait jamais passé l’étape du premier rendez-vous, c’est une chose, mais il n’a jamais passé l’étape d’un potentiel rapprochement, autant dire qu’il perd ses moyens parce que, contrairement à ce qu’elle peut croire, ce n’est de loin pas une perspective qui est possible à ses yeux. Le silence s’allonge, il faut qu’il réagisse, qu’il dise quelque chose, qu’il ne s’enfonce pas, qu’il ne soit pas détaché, mais pas non plus le pervers qu’elle suppose, qu’il soit confiant, mais pas trop non plus pour ne pas continuer à souffler le chaud et le froid, il faut, il faut, il faut ; Jude se perd dans des pensées qui vont trop vite, dans lesquelles il se perd parce qu’il est totalement paniqué et quand il prononce enfin quelques mots, ce ne sont pas ceux qu’il aurait espéré : « oui j’ai imaginé plus qu’un café, car … j’ai un peu faim donc là tout de suite j’pense aussi à un muffin à la myrtille. » D’après les films qui lui servent d’éducation sexuelle (et qui ne sont pas les bons, ne faites pas ça, les enfants), il aurait dû dire quelque chose comme « c’est toi que je vais goûter », d’une voix suave avant de lui sauter dessus. Dans la réalité, il a même reculé d’un pas, déglutissant alors qu’il perd le contact, baissant les yeux vers le sol.

Il n’a jamais flirté. C’est un fait plus qu’évident à l’instant t, et même en voulant se persuader qu’il s’est déjà retrouvé dans ce genre de situation sans s’en rendre compte, lui permettant d’être naturel, Jude n’arrive pas à imaginer un quelconque moment où les choses auraient pu tourner ainsi pour lui. Il n’a jamais flirté, parce qu’il s’en sentait incapable, conscient de ne pas avoir les armes pour se lancer dans ce genre de jeu. Pire encore, on a jamais flirté avec lui ; c’est une chose d’en être l’initiateur, c’en est une autre d’être le destinataire et même dans ce cas-là où le rôle est moins exigeant, il ne sait pas s’y conformer, Jude. « Alors simple conseil venant d’une femme expérimenté, ne jamais dire à une femme qu’elle fait son âge, en faites ne l’évoque jamais. » Il n’a pas entendu la moitié de ce qu’elle a dit, parce qu’il y a un mot qu’il n’aurait pas voulu entendre. Expérimentée. Il s’en doutait ; il en a désormais la confirmation. Putain, il faut qu’il parte, vite. Sauf qu’il ne bouge pas. Il en est incapable, maintenant qu’elle vient de poser son doigt sur. ses. lèvres. Il pensait que le contact de sa main sur son bras était déjà une belle réussite, mais le doigt sur ses lèvres, c’est l’apothéose, un peu plus et il y aura même une petite larme d’émotion qui pourrait couler le long de sa joue (et une grosse bosse dans son pantalon, bon, c’est moins romantique). C’en est trop pour un seul homme et il faut croire qu’à force de chérir le plant de tomate qui trône dans sa chambre, Jude s’est trouvé une ascendance avec celui-ci à en observer la couleur que prennent ses joues à cet instant, une carnation qui ne connaît pas la demi-mesure quand il s’agit de son premier contact buccal (il aurait préféré que ce soit d’autres lèvres, mais il faut un début à tout, n’est-ce pas ?). « Toi, tu as vraiment besoin de conseil sur quoi dire à une femme, alors oui j’ai souligné la franchise, mais autant que ça, parce que à t’écouter je viens de fêter mes cinquante balais et crois-moi, y a rien de sexy la dedans. Ne parle plus et encore moins n’évoque plus jamais à une femme son âge ou même à le sous-entendre, jamais plus d’accord ? » Son regard se perd dans celui d’Alma plutôt que de songer À. CE. DOIGT. SUR. SES. LEVRES. On l’a mentionné, c’est un cousin éloigné de Mary Ingalls alors à l’échelle de sa pureté, ce simple geste à une connotation nettement plus érotique qu’on pourrait le croire. Restant muet, docile, il se contente de hocher doucement la tête par l’affirmative, oui, oui, il ne dira plus ce genre de bêtise, c’est compris – même s’il a très envie de rajouter qu’il y a des cinquantenaires quand même bien bandantes (pardonnez-lui l’expression) et que l’âge n’est assurément pas un frein (pour s’abstenir de toucher le sien, ahah qu’est-ce qu’on se marre).

Ce qui est certain, c’est qu’il n’est pas sur tinder pour un plan cul, ce qui doit dénoter avec à peu près les nonante pourcents des utilisateurs masculins de l’application, mais eh, Jude aime défier les statistiques. « Donc si j’ai compris tu cherches quelque chose de sérieux, mais à la fois tu n’as pas trop d’attente, c’est bien ça ? » Il secoue doucement la tête, conscient du paradoxe qui, à ses yeux, est pourtant parfaitement compréhensible. Elle finit par se tenir à son bras et Jude voit flou ; autant parce qu’il ne s’attendait pas à ce qu’elle prenne ses aises ainsi que parce que ça commence à faire beaucoup. Il n’est pas tactile de nature ; bien sûr il a eu quelques frissons à chaque fois qu’elle l’a touchée, lui faisant réaliser que ouais, l’intimité, ça doit être aussi bien qu’on le dit, mais aussi quelque peu malmené dans son habituelle distance. Il n’est toujours pas à l’aise, en parti parce que ça va désormais trop vite pour lui. Raison supplémentaire pour laquelle il aurait dû annuler ce rendez-vous : les attentes des autres ne sont pas les siennes. Il vient de le dire, il n’en a pas le concernant ; pourquoi est-ce que les autres devraient se montrer aussi hésitants que lui, après tout ? « Tu penses que Tinder sert à quoi enfin je veux dire tu le sais au moins ? » - « J’vis pas dans une grotte, Alma, tu sais. Juste, ça reste l’application la plus populaire dans le domaine et j’sais pas… j’ai pas à m’excuser d’être là pour autre chose, si ? » Tinder ne relève quand même pas que du sexe, si ? Dans quel cas il se serait contenté de cliquer sur un pop-up d’un site qu’il visite régulièrement, il aurait eu ce qu’il voulait sans la pression d’une rencontre réelle – mais avec des centaines de dollars en moins, bon, on ne peut pas tout avoir. « Et la seconde question que je me pose c’est pourquoi tu as si peu d’attente, tu as peur quoi si jamais tu en avais ? De t’attacher ? Ou parce qu’on ta déjà brisé le cœur ? » - « Non, je te l’ai dit, j’ai pas envie d’être déçu. Si j’ai trop d’attentes, si j’envisage une certaine manière dont vont se passer les choses et que ça n’est pas le cas, j’ai pas envie que ça me dégoûte, à terme. » À terme : au terme de la petite centaine de rendez-vous qu’il va avoir, s’il poursuit à ce rythme. Il n’aura pas son diplôme, mais au moins il aura sa gueule dans le Guiness Book pour illustrer une persévérance que personne n’a osé avant lui sur cette application, bravo à lui. « Bien, alors on va dire que je vais être unique parce que j’ai hâte de voir ce que feras durant la deuxième fois qu’on se retrouvera, surprend-moi ! » Il laisse échapper un petit rire, un rire jaune, en vérité. Deuxième ?! Il n’y a pas de deuxième qui est prévu, Alma, s’il arrive à terminer la soirée sans y laisser son palpitant dans la bataille, il va la ghoster en bonne et due forme, comme n’importe quel homme de son époque (tous les mêmes, décidément). Sa main glisse dans la sienne et encore une fois, la familiarité devient trop anxiogène ; il apprécie la confiance d’Alma, sa spontanéité, mais il n’est clairement pas aussi expérimenté qu’elle (il n’a pas oublié l’usage de ce mot). Il est poussé hors de sa zone de confort, là où la seule personne autorisée à le toucher est… lui-même. « Je ne suis pas aussi parfaite que tu peux le croire, disons que c’est plus facile de montrer ce que les gens ont besoin, peut-être que si tu en voyais plus tu fuirait rapidement, je ne sais pas… » - « C’est une mise en garde ? » Il dit avec un léger sourire, essayant de détendre l’atmosphère ; même si en réalité, il en vient à souhaiter qu’elle soit folle, qu’elle se mette à hurler au milieu de ce café, que les clients la coulent au sol, que la police intervienne, non, mieux, appelle l’asile d’où elle est sortie qui, eux, viendront la récupérer pour l’enfermer afin qu’il n’en entende plus parler et puisse ainsi espérer ne jamais la recroiser et subir le malaise de retrouvailles gênantes. Non, il ne le souhaite évidemment pas tout ça, mais il ne peut pas empêcher son esprit de s’emballer et d’imaginer tous les scénarios les plus improbables qui existent pour se défaire de cette situation dans laquelle il s’est plongé jusqu’au cou volontairement, en sachant qu’il n’était pas armé pour la supporter. « Je ne sais pas trop, j’imagine que la solitude peut parfois être difficile alors à ma manière je comble le vide grâce à ces quelques rencontres, je ne te fais pas un dessin pour savoir comment ça fini par moment. » Putain. Ça y est. La bombe est lancée ; les petites accolades innocentes ne le sont pas du tout. Est-ce que tout le monde fait ça ? Prendre la main, caresser les lèvres, faire croire que la barrière de l’intimité peut seulement être quelques gestes réconfortants, avant de révéler la terrible vérité : cette société vit et respire pour le plaisir de la chair, auquel il ne s’adonne pas, énergumène qu’il représente, et on y revient constamment, faisant croire aux gens comme lui qu’ils ont un sérieux problème ? Il a cru qu’Alma était vaccinée contre ce genre de rencontre, mais à l’entendre, il interprète que c’est la seule chose qu’elle désire. Par habitude ou par hypocrisie ? Est-ce qu’elle s’est moquée de lui, lui faisant croire qu’il l’intéressait réellement, qu’elle lui laissait une chance, alors qu’en réalité son plan était bien établi dès le départ ; et que le piège finirait par se refermer autour de lui seulement pour combler des pulsions qui ne peuvent plus être contenues ? Est-ce que c’est ça, la réalité du dating et des relations amoureuses, une forme de pression à la performance, en tout temps, même quand on ne visait qu’un café et un muffin à la myrtille, et certainement pas un tube de lubrifiant et un missionnaire ? « J’espère en tout cas que ce café en vaut la peine vu le temps mit pour y parvenir. » Il secoue doucement la tête, un peu perdu par tout ce qu’il a pu entendre, et toutes les interprétations que la panique l’oblige à créer. Passé en pilote automatique, il s’asseye à une table, bien que son regard cherche les issues de secours, réfléchissant déjà à se dérober. « Et sinon aurais-je le droit de savoir qui se cache derrière Jude ? Je veux dire tu fais quoi dans la vie tu es resté très évasive sur le sujet mais si je me rappelle bien tu adores voyager, j’ai eu de la chance de le faire, tu es allé ou ? » Le serveur débarque et prend leurs commandes, et Jude ne pense qu’à une chose : quitter cet endroit. Il ne sait pas ce qu’il lui a pris ; ou plutôt, si, il savait que ce serait une catastrophe, mais pour quelle raison a-t-il cru qu’aujourd’hui pourrait être différent, qu’il devait se laisser une chance ? Il n’est pas fait pour ça, pour les relations ; il n’arrive même pas à garder des amitiés, alors trouver quelqu’un qui puisse l’aimer, quelle idée saugrenue. Non, plus grave encore ; quelqu’un qui lui correspondrait, qui comprendrait ses doutes et comblerait ses failles, qui lui offrirait attention et patience. Alma est la femme parfaite, mais pour un autre homme que lui, c’est désormais une certitude et ses attentes ne sont pas les siennes. « J’ai vécu 1 an en Italie pour mes études, puis j’ai passé 2 ans au Japon pour le travail. J’ai fait un master en management, mais être à la solde d’une grande entreprise, ça n’allait pas avec mon besoin de liberté – et c’est sans doute pour ça que j’ai autant goût au voyage. » Il débute, de manière presque mécanique. « Je n’arrive pas à me poser, j’ai besoin d’espace, de grand air ; j’aime me lancer dans des treks genre survie, où je suis confronté à toute la beauté de la nature et toutes les raisons pour lesquelles on doit la craindre. Je suis très sportif, sur mon temps libre, outre les explorations, j’aime l’escalade et les sports à risque, plus généralement. » Il poursuit, sur le même ton, avant d’achever : « J’ai fini par monter ma start-up pour être mon propre chef et vivre comme je l’entends, nous sommes spécialisés dans les expéditions à haut risque, pour une clientèle fortunée mais aventurière. » Jude récite un discours qu’il n’a pas appris, mais qu’il aurait voulu être le sien, dans une autre vie, là où les opportunités n’auraient pas manqué, là où il se serait donné les moyens de ses ambitions. Une autre vie où il aurait pu être un homme pour Alma, mais pas dans celle-ci, alors que son anxiété a encore fini par le rattraper et qu’il sent ce poids qui commence à comprimer sa poitrine, et cette sensation d’être coincé dans son propre corps sans pouvoir échapper au châtiment que celui-ci a décidé de lui réserver. C’est pourtant toujours le même ; et des poumons qui ne semblent plus pouvoir exercer leur travail, une bouche qui s’entrouvre dans une vaine tentative d’aspirer de l’air et le sifflement reconnaissable de celui qui n’arrive plus à respirer. Ses muscles se tendent ; ses nerfs se crispent toujours à l’extrême dans cette situation, paralysant son corps avant que celui-ci ne se relâche soudainement. Et loin d’être un soulagement, la sensation est celle de tomber dans le vide, le laissant fébrile et désorienté. Il reconnaît la situation ; il sait aussi qu’il n’arrivera pas à lutter. « Je-tu m’excuses une minute ? » Jude n’attend pas la réponse d’Alma pour se lever précipitamment, prenant le chemin des toilettes, disparaissant dans un couloir sans s’arrêter devant celles-ci, préférant emprunter la porte dérobée qui sert d’issue de secours. À l’extérieur, il profite des derniers fragments de force que ses jambes possèdent pour accélérer le pas ; il réalise très vite qu’il court, loin de cet endroit, loin de ce malaise, loin de cette idée catastrophique. Égoïstement, il ne pense pas à Alma qui va l’attendre sans jamais le voir revenir, mais à lui-même, à cette manière de réagir qu’il ne voudrait pas être la sienne, à ses espoirs anéantis, encore une fois, pas parce que les autres sont eux, mais parce qu’il est lui.


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MessageSujet: Re: (jude) rps 2024   (jude) rps 2024 - Page 3 EmptySam 5 Oct - 3:10

and i want to be so far from sight and mind

w/@"jacob o'reilly" ☆☆☆ i wanna run against the world that's turning, i'd move so fast that i'd outpace the dawn. i wanna be gone, i wanna run so far, i'd beat the morning, before the dawn has come, i'd block the sun if you want it done.

trigger warning : milieu carcéral, agression, violence, vulgarité.


« Bah alors Ainsworth ? C’est quoi ton problème ? T’as besoin d’un coup ou deux pour te remettre les idées en place, gamin ? »
« Nan, j’suis juste perturbé. »
« Par quoi ? »
« Par comment tu peux avoir une telle tête de gland alors que t’es un vrai trou du cul. »

La dernière chose qu’il se souvient, c’est qu’il n’a pas été question de seulement un ou deux coups.
 
Il le savait, pourtant. Il le savait que son répondant serait un problème un jour ou l’autre, mais jusqu’ici, il avait réussi à le contenir avec plus ou moins de succès. Bien sûr, il s’était parfois fait ridiculiser devant une assemblée quand on l’attaquait avec des réflexions sur son jeune âge, son physique, sa mère, sa sœur quand on épuisait les commentaires sur sa mère, sur ses élans anxieux qui faisaient de lui une inévitable cible, sur sa discrétion qui agaçait, sur son inexpressivité qui donnait envie d’être provoquée. Il l’a dit à Jacob, son intention est claire : ne pas faire de vagues, tirer sa peine, oublier cette expérience. Jusqu’ici, il s’y tenait avec une patience qui le surprenait ; il arrivait même à rester silencieux, à ne pas céder aux attaques aussi verbales qu’aux rapprochements menaçants, malgré la tension constante liée à ce trouble anxieux exacerbé par la peur qui le nourrit depuis son arrivée. Et même quand le manque se faisait ressentir, Jude n’a pas flanché, restant sur sa ligne de conduite, s’isolant et s’acharnant contre son lit de fortune ou contre le mur de sa cellule au lieu d’exploser face à un autre détenu, et ainsi risquer une escalade qui ne lui serait en aucun cas avantageuse.

Pendant des semaines, il avait supporté les attaques, les commentaires, les réflexions passives agressives, les jugements, les imitations, les moqueries, les provocations, les coups d’épaule, les claques derrière la tête, les crachats à ses pieds ; le bruit constant, une fatigue évidente, le manque insupportable, les visites avortées, la crainte de son codétenu, la crainte tout court en tout temps, les repas dégueulasses, l’impression d’avoir raté son existence, la sensation d’un temps qui n’avance pas, les regrets naissants et la rancœur persistante, les séances avec le psy, le silence de ses amis, le rejet du monde extérieur. Pendant des semaines, il avait supporté sans broncher une liste qui devenait de plus en plus conséquente, restant constamment infaillible, intouchable et inexpressif mettant en place des stratégies pour ne pas céder à cette impulsion difficilement contenue, alors qu’il n’avait qu’une seule envie : éclater, hurler à en perdre l’usage de sa voix, frapper jusqu’à ne plus sentir ses mains.

Alors, ce jour-là, quand en se contentant d’effectuer son travail à la laverie un de ses bourreaux depuis son arrivée a continué à l’assaillir de réflexions, pas même les plus désagréables qu’il ait pu entendre, Jude n’a plus réussi à se contenir. Et l’autre, lui, n’a pas réussi à contenir sa violence.

Il n’a pas perdu connaissance, Jude, il a seulement décroché, accepté la fatalité d’une dérouillée contre laquelle il n’a même pas l’énergie de lutter plus de quelques secondes et quelques coups rendus, peu proportionnels au nombre qu’il en a reçu. Il n’a pas compté, il n’a pas cherché à analyser la scène, ce qui l’aurait amené à la vivre pleinement. Et quand au bout de longues minutes, un goût de sang dans la bouche et une vision troublée plus tard, les hommes (l’agresseur et ses spectateurs) se dispersent, il reste allongé au sol sans chercher à comprendre la raison de cette soudaine fin. L’adrénaline disparaît à mesure que la douleur s’accentue et, ce n’est que lorsqu’il a l’impression de sentir une présence qu’il tente péniblement de se redresser sur un coude, jetant un coup d’œil autour de lui – de mieux que sa vision lui le permette. « T’es venu pour profiter du spectacle, hein, espèce de cinglé. » Il s’exaspère en découvrant Jacob, crachant un amas de sang au sol, portant une main tremblante à ses lèvres éclatées, puis à sa pommette douloureuse, humidifiant ses doigts d’une teinte carmin bien reconnaissable. Il ignore l’ampleur des blessures, et le seul réconfort qu’il y trouve c’est qu’au milieu d’un visage sans doute marqué, ses larmes passent inaperçues.


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MessageSujet: Re: (jude) rps 2024   (jude) rps 2024 - Page 3 EmptySam 5 Oct - 23:52

a ghost keeping me alive


w/@"jin hartley" ☆☆☆ La désapprobation qu’il entend dans la voix de Jin ne le fait même pas flancher, parce qu’il a l’habitude d’être la cible d’une gueulante, Jude. Ses parents n’étaient pas adeptes de l’éducation douce et positive et, à l’exception de sa grande sœur, tous les autres membres de la famille Ainsworth ont appris à communiquer en se hurlant les uns sur les autres. Caleb aussi, a (avait, Jude) l’habitude de marquer sa contestation d’une grosse voix et d’un regard noir, avant que son sourire moqueur ne le trahisse et qu’il s’empresse d’ébouriffer les bouclettes de son cadet dans un geste aussi amical qu’enfantin, lui signifiant encore une fois leur écart d’âge conséquent. Parfois, Jude lisait même une certaine fierté dans le regard de son aîné face à ses plans qui tournaient toujours mal et sa répartie arrogante qui lui causait de nombreux soucis, ce qui l’avait convaincu de poursuivre sur ce chemin pour retrouver cette lueur quand Caleb daignait lui accorder son attention et, par extension, son temps. Jude était constamment fourré dans les jambes de son frère, même quand celui-ci s’y opposait ; sa colère finissait toujours par gronder, mais il lui pardonnait toujours. Jude avait associé que les réprimandes de tous les autres se traduisaient par un coup de canif supplémentaire dans une estime de soi déjà malmenée, mais pas les remontrances de Caleb, non, jamais. Elles étaient les seules qui tendaient à lui donner l’impression d’être important, l’aidant à considérer qu’on se souciait au moins assez de lui pour lui laisser une place quelque part. C’est peut-être la raison pour laquelle Jude n’a pas claqué la porte après la première exploration ; parce qu’il a la sensation d’avoir trouvé sa place parmi eux, une où il ne s’est pas contenté de remplacer un chaînon manquant, mais d’être un élément à part entière. En ce sens, le rire de Jin qui éclate à la suite d’une colère qui lui est dirigée à quelque chose de familier, de sécurisant, d’agréable – bien plus que la menace que représente cette grenouille à ses pieds.

Parce qu’il a failli mourir et malgré le regard empreint de doute de Jin, Jude est persuadé que quelques secondes supplémentaires auraient pu mettre un terme à sa vie, parce qu’il faut toujours se méfier des « petites bêtes qui ne mangent jamais la grosse » qu’ils disent. En attendant, les escargots d’eau douce causent 200'000 morts par années, et les moustiques tuent plus d’humains en 24h que les requins en 100 ans. Jude n’a pas une gueule à défier les statistiques (à comprendre : pas un courage exacerbé). C’est assez ironique, d’ailleurs, comment il a pu supporter un an d’emprisonnement, mais qu’il se dégonfle devant une ridicule grenouille – qui le nargue, il en est persuadé, il le lit dans ses yeux globuleux qu’elle se fout de sa gueule. Peut-être qu’au lieu du latin qui ne sert à rien ni personne hormis les exorcistes, les écoles obligatoires devraient proposer « compréhension des animaux » en seconde langue, ouais. « tant mieux. c'est vrai que t'as l'air en forme. » Tellement que Jude s’égare dans ses pensées incohérentes et se retrouve à réformer le programme scolaire australien et partir en croisade contre un batracien pour oublier dans quoi il a mis les pieds. Pour oublier, surtout, ce rythme cardiaque qui s’accélère un peu trop à son goût, menaçant d’exploser à tout moment – il a jusqu’ici réussi à ne pas faire la moindre crise de panique devant ses camarades, il aimerait autant continuer sur ce bon chemin. Tellement en forme, aussi, qu’il a le majeur qui le démange et qui finit par se lever en guise de seule réponse à la provocation (c’en est une, il est de mèche avec la grenouille) de Jin.

Confronté à l’hypothèse saugrenue de Jin quant à une éventuelle possession, Jude s’inquiète. Pourtant du genre rationnel à répéter à qui veut l’entendre qu’il ne « croit que ce qu’il voit », il croit pourtant dur comme fer à toutes ces conneries de fantômes, d’esprits revanchards et de possession démoniaque, aussi l’idée est très loin de lui faire plaisir. « c'est dommage ouais, on aurait pu demander à Eugenia de t'exorciser. » - « Hilarant. » Il rétorque sur un ton las, les yeux plissés qui fusillent Jin. Et alors que Jin semble particulièrement enclin à lui prêter une nouvelle identité malfaisante – qu’est-ce qu’il disait, avant, au juste ? Appartenir à un groupe ? Il a surtout l’impression qu’on essaie de se débarrasser de lui, là, entre l’exorciste et le clicker, sympa les options ; il a un message à faire passer, le Hartley ? Dans tous les cas, le tatoué s’assure d’une chose : il sera le premier à être hanté par Jude une fois qu’il aura trépassé et il prendra un grand plaisir à lui faire vivre un enfer. Parce que Jude ne sera sans doute pas ce genre de fantôme qui se contente d’un semblant de présence, noooon, il ira à fond ; miroir brisé, sang sur les murs et corbeau sur le pas de porte en veux-tu, en voilà. Mais la torture de Jin attendra qu’ils sortent d’ici. « bien sûr. » - « Attends, t’arrêtes pas de remettre ma parole en doute depuis tout à l’heure et tu veux que j’me transforme soit en champignon humain soit en Regan McNeil, j’vais commencer par le prendre perso, Jin. » Pour plus de théâtralité, il plaque même sa main contre son torse, véritablement outré par tant de haine contenue en un seul petit être (oui il est conscient que Jin mesure près de deux mètres). « avec Eli dans le coin ? on est pas prêts de partir. » - « Ouais attends j’vais lui balancer Crazy Frog à la gueule ça va le calmer un peu. » Il dit, soudainement piqué par un élan de courage en commençant à se pencher pour ramasser la bestiole, qui saute pour se déplacer, provoquant le sursaut puis le recul instantané d’un Jude qui ne va, définitivement, pas être copain avec elle. « j'ai encore quelques cases à cocher, figure toi. tu pourrais m'aider ? t'as l'air efficace pour trouver les trucs qui sortent de l'ordinaire ce soir. » - « Mais pas de soucis mon cher Hartley, allons joyeusement faire un tour dans la salle de torture pour que je te laisse aux mains du bourreau qui est toujours coincé là-bas ! » Il rétorque, d’une voix affreusement niaise et faussement enjouée, une grimace sur le visage à mesure qu’il propose cette formidable idée. Certes, il a peut-être commencé, mais il n’empêche qu’il peut être un sale con quand il s’y met, Jude, prenant sans doute trop ses aises en retrouvant le plaisir des échanges piquants qu’il pouvait avoir avec Caleb, oubliant que l’homme qui lui fait face n’a sans doute pas la même affection à son encontre que pouvait l’avoir son frère et qu’il pourrait finir par s’en agacer. « allez viens, on bouge d'ici. » Il suit son acolyte, presque collé à lui, oubliant la notion de la sphère privée si ça peut au moins lui permettre de ne pas se sentir complètement à la merci de toutes les créatures mystiques qui vivent entre ces murs (la grenouille, toujours elle). Au point où il lui rentre un peu dedans quand celui-ci s’arrête. « à moins que tu veuilles régler tes comptes avec la méchante grenouille, tu m'dis. » - « Une dizaine de morts, Jin. Une. Dizaine. » À ça de de réellement l’attraper pour la planquer dans l’appart du tatoué et lui donner une bonne leç… attendez, elle a bougé, là, non ? ELLE A BOUGÉ et Jude se rattrape presque aux épaules de Jin avant de se raviser – la prochaine fois, ils vont vraiment l’enfermer dans la voiture et ça ne sera pas plus rassurant pour lui (il a lu Christine, on lui l’a fait pas).

« et maintenant ? » Marquant un peu la distance, Jude fait mine de réfléchir. « on va retrouver les autres ou on continue un peu à deux ? » Il a bien envie de retrouver les autres, ne serait-ce que pour avoir trois personnes au lieu d’une qui pourraient faire office de bouclier humain en cas d’attaque d’entité inconnue, mais il sait aussi que les moments privilégiés les uns sans les autres sont rares, et tant qu’à être avec quelqu’un du groupe, Jin est le plus (gentiment) moqueur, mais aussi le plus assuré. « On continue à deux, ça me laisse un peu de répit avant que mes exploits soient connus de tous. » Il rétorque, se cherchant une excuse plutôt que d’admettre qu’il apprécie la perspective d’un moment avec Jin. « T’as déjà pris des photos ? » Qu’il interroge, plutôt que de se concentrer sur les détails autour de lui – à tout hasard, ces magnifiques griffures sur le mur. « Ça m’intéresserait de voir ce que t’as capturé, et comment tu l’as capturé, surtout. »  Comment il arrive, à choix, à rendre ce lieu plus beau ou plus inquiétant qu’il ne l’est réellement, en captant l’essence de cet asile avec son œil aguerri. À condition qu’il n’y ait pas de fantôme en arrière-plan, cela va de soi. Mais il est curieux quant au travail de Jin, et légèrement frustré quant au fait de ne pas être sur les réseaux sociaux pour y voir les photos postées, et de se contenter de quelques miettes à travers des échanges de messages.  


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MessageSujet: Re: (jude) rps 2024   (jude) rps 2024 - Page 3 EmptyDim 6 Oct - 0:15

would've, could've, should've


w/@"luther kealoha" ☆☆☆ Coincé dans sa cellule, Jude s’était interdit de se projeter dans l’avenir, conscient que l’inconnu que celui-ci représentait se voulait plus susceptible de l’effrayer que d’être source de motivation. La seule chose dont il était certain, c’est qu’il ne voulait pas que son emprisonnement se rappelle à lui au moment de sa sortie, croyant naïvement que cette expérience pourrait être laissée de côté sans s’immiscer dans son quotidien. Il s’est évidemment trompé et son séjour en prison semble être la seule chose qui le définit, désormais, et si Jude pointe du doigt une société qui n’accepte pas le moindre écart, la réalité est différente : c’est lui qui n’arrive pas à laisser ce vécu derrière lui, parce qu’il se surprend, parfois, à la regretter. Bien sûr, l’espace restreint et la vie en communauté, autant que le contexte de manière plus générale, ne lui manquent pas. Mais la façon dont chaque chose était décidée à sa place, les ordres qu’il se contentait de suivre sans les discuter, les relations pour lesquelles il n’avait aucun effort à fournir, les habitudes qui sécurisaient son quotidien, ça lui manque terriblement alors que Jude n’a pas l’impression d’avoir retrouvé sa place dans ce monde dont il a été tenu à l’écart. C’est un sentiment qu’il n’ose partager, en grande partie parce qu’il a conscience que sa situation est agréable en comparaison à certains codétenus, mais il ne peut s’empêcher de se sentir mis à l’écart, et que la durée de sa peine n’aurait rien changé à cette impression.

C’est la raison pour laquelle il s’est enfin décidé à recontacter son tuteur, et si lui demander ses coordonnées n’était qu’une sympathie d’usage et un intérêt peu assumé pour la discipline, cela est désormais presque vital qu’il retrouve un semblant de ce qu’était sa vie en prison, quand, paradoxalement, il se sentait en sécurité alors même qu’il vivait avec la peur au ventre. Il s’était persuadé que tout ceci appartiendrait au passé ; mais aujourd’hui Jude a besoin d’en faire encore un peu son présent et Luther n’a sans doute pas conscience de la gratitude qui est la sienne. Mais il ne peut que se contenter de ces cours familiers plutôt que de s’épancher sur tous les doutes qui l’habitent, auxquels il n’a pas encore trouvé de formules qui sauraient les résoudre. Luther n’a peut-être pas le pouvoir de le renvoyer en prison comme la justice saurait le faire s’il ne respecte pas sa conditionnelle, mais il reste un représentant, même partiel, de ce milieu et c’est la raison pour laquelle Jude vend une situation qui est plus belle qu’elle ne l’est réellement. « Euh. Livreur. » À cet énoncé, il baisse la tête, alourdit par la honte de ne pas mieux s’en sortir, avant qu’il ne se sente obligé de préciser : « Mais c’est bien, ça paie le loyer en attendant de trouver autre chose et de savoir ce que je veux faire, surtout. Je me laisse le temps de la réflexion, voyez. » Il dit, relevant les yeux pour afficher un sourire peu convaincu. Ce sont les autres qui réfléchissent à sa place sur ce point ; et en vue du nombre de réponses négatives, il a bien conscience qu’il prendra surtout ce qu’on lui proposera, là où on voudra bien de lui. Les rêves ambitieux d’un job plaisant à défaut d’une carrière réussie appartiennent eux aussi au passé alors, à défaut, il se nourrit du succès des autres, laissant sa question volontairement vague pour que Luther se sente libre d’y répondre comme il le souhaite – toute réponse serait une forme de baume au cœur aux yeux de Jude, de se dire que d’autres ont plus de chance. « Quoi, déjà ? Dites pas ça, ça me déprime pour l’avenir. » Il souligne avec un léger rire, avant de réaliser que cette familiarité est peut-être déplacée. Il ne sait pas exactement comment il doit se comporter avec Luther ; une part de lui estime qu’il ne doit rien changer et se calquer sur les cours qu’il suivait en prison, une autre a envie de tenter – péniblement – de casser cette rigidité dans laquelle il s’enferme.

Mais le cadre est encore bien présent alors qu’il se refuse à se faire inviter, quémandant un verre d’eau pour ne pas paraître trop ingrat. Luther, lui, peut au moins se vanter de participer à l’économie locale avec ses choix qu’il dispose sur la table, devant le regard soudainement affamé d’un Jude qui soupire discrètement. Ouais, la vie est belle, livreur c’est merveilleux et en plus ça gagne tellement que j’ai pas à réfléchir si je peux me goinfrer avec un sandwich au fromage hors de prix, gé-ni-al. De toute façon, la question ne se pose plus ; s’il veut payer les cours de Luther, il y aura des sacrifices à faire. Il a regardé un peu sur internet le prix qu’il pourrait demander, inutile de dire que ça l’a fait loucher et qu’il compte quand même un peu sur sa charité en souvenir du bon vieux temps (ah, quel bon vieux temps, n’est-ce pas) même s’il ne l’assumera pas. Luther refuse et Jude n’est pas surpris, il a déjà anticipé un discours à rendre jaloux n’importe quel coach de vie pour le convaincre de négocier ce qui lui est dû. Sauf que l’argument du professeur le fait flancher. Il n’avait pas pensé à l’aspect éthique de la chose – sûrement parce que ce n’est pas un mot qui appartient à son vocabulaire, rappelons qu’il s’est retrouvé en taule parce qu’il falsifiait des documents, alors son sens de l’éthique, hein… « Euh, bah c’était un peu mon intention, vous savez les journées sont longues depuis ma sortie. » Il baisse un peu le ton sur ce dernier mot, comme si on pouvait l’entendre, comme s’il anticipait des jugements qui n’ont pas lieu d’être. « Et puis pour me remettre à niveau, faudrait au moins ça. » Il reste persuadé que le niveau qu’il pouvait avoir en prison n’a rien à voir avec celui des lycéens, il a une image idéalisée de ce diplôme qu’il n’a pas obtenu et reste convaincu qu’il n’y aurait pas eu accès, même s’il avait poursuivi ses études. « Ok non, je-je plaisante. Enfin, pas pour le niveau, mais pour les quinze heures par semaine, hein. » Jude, première règle : quand on doit expliquer une plaisanterie, c’est que l’effet tombe à plat ; la gêne est encore palpable. « J’veux pas jouer au forceur dans votre agenda, même si c’est une fois tous les six mois, j’suis preneur. » Ça lui donnera l’impression de ne pas être totalement à côté de la plaque à défaut d’avoir un bon diplôme. « Mais vous êtes sûr, hein ? Parce que j’voudrais pas abuser de votre temps sans contrepartie. Et pour la question déontologique, bon, bah vous savez que moi, ces questions-là elles me concernent pas vu mon cas-. » Casier. Il s’arrête ; la table d’à côté est trop proche, la blague trop anxiogène. En d’autres termes ; il pourrait le payer et se la fermer pour ne pas mettre à mal la carrière de Luther – mais ce sont là de vieux réflexes dont il devrait se passer. Les manigances, les mensonges, toutes ces choses qui ne vont pas vraiment dans la direction d’une sortie réussie comme il l’a prétendu quelques instants plus tôt. « Euh, bref. On commence par quoi ? Ils apprennent quoi, les vrais étudiants ? » Il mime les guillemets même s’il n’en pense pas moins ; lui se contente de quelques cours pour garder contenance, il n’est qu’un imposteur, dans le fond.


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common sense don't get me far


w/@"alba alcaraz" ☆☆☆ N’importe quelle personne qui aurait connaissance de la véritable raison pour laquelle Jude se rend ici ne manquerait pas de souligner l’hypocrisie derrière sa remarque. Comment peut-il se plaindre de ces séances alors qu’il n’est pas concerné, que personne ne l’a obligé à venir ici et, surtout, qu’il se moque ouvertement d’eux en prétendant être des leurs ? Il respecte leurs différents deuils, même s’il les trouve trop bruyants et humides à ses yeux, mais il ne peut pas nier qu’il y a un côté malsain à ce genre de groupes, impression qu’il ressentait déjà dans la pièce du haut. Il ne comprend pas bien comment il est possible d’avancer en ressassant la même situation de la sorte, en l’exposant, en l’étirant jusqu’à avoir songé au moindre détail, y compris à tous ceux qui nous échappaient jusqu’ici et qui, sans doute, contribuait à une sorte d’apaisement à ainsi rester dans l’ignorance. Il ne comprend pas ce besoin de s’épancher sur sa tristesse ou ses difficultés de manière plus générale, d’en faire le point central d’une vie et le caractère principal d’une personnalité ; pourtant, il est bien là depuis quatre séances, à suivre avec attention les différents protagonistes. Il n’a pas vraiment retenu les prénoms, mais il n’a pas manqué les détails. La petite blonde du premier rang a toujours l’air forte au début de son récit, mais fini inévitablement par avoir la voix qui tremble. Le père de famille fatigué s’affaisse à mesure qu’il prend la parole, tassant sa silhouette d’une bonne dizaine de centimètres entre le début de son intervention et la fin de celle-ci. La quadragénaire un peu trop enthousiaste est trahie par son regard qui ne cherche jamais celui des autres et ses mains qui tremblent et qu’elle cache dans ses poches. Alba, elle, semble faire l’unanimité grâce à la confiance qui est la sienne à ainsi se mettre en avant, mais Jude sait aussi que ce sont ceux qui prennent le plus de place qui ont le plus envie de s’écraser. Il se persuade que si son attention finit toujours par revenir sur la jeune femme, c’est uniquement parce qu’il est curieux de savoir combien de temps elle parviendra à maintenir cette façade avant d’exploser, comme tous les autres.

Comme lui, aussi, quand il doit jouer les endeuillés pour mieux justifier sa présence – il n’est pas totalement con, et il sait très bien que rester au fond sans montrer la moindre bribe d’émotion n’est pas cohérent avec sa venue ici. Apprenant la leçon à force d’être taxé de sociopathe, Jude n’est pourtant pas (totalement) dénué d’empathie, mais seulement peu enclin à l’expressivité de ses sentiments, qui priment sur ceux des autres. Son confort prime sur les mensonges, et en ce sens s’il se désole de la manière dont il gère ses mauvaises idées, il ne s’excusera pas de les avoir. Par exemple, il ne s’excuse pas de sa réflexion, mais seulement qu’elle ait été captée par Alba, qui s’est arrêtée non loin de lui pour mieux le dévisager et ce jugement silencieux l’oblige à se redresser sur sa chaise. Le doigt en l’air en guise de sentence silencieuse, Jude obéit, s’empêche de la suivre du regard, mais ne résiste pas plus d’une seconde avant que sa tête ne se détourne et que ses prunelles cherchent Alba, et il suit chacun de ses gestes jusqu’à ce qu’elle ne revienne à lui. C'est pour ça que je bois du thé lorsque je suis ici. Enfin, faut avouer que votre café, en général, est dégueulasse. Restant assis tout en se saisissant du gobelet tendu par la jeune femme, il hausse les épaules, peu convaincu par l’argument : « Excuse-moi d’émettre des doutes quant à c’que des herbes séchées dans de l’eau chaude soit vraiment meilleur que le café, aussi dégueulasse soit-il. » Il dit, soufflant sur son gobelet avant de le porter à ses lèvres, humectant celle-ci après en avoir pris une gorgée, comme s’il testait un vin particulièrement cher, ajoutant rapidement : « ouep, c’est juste une tasse d’ennui avec une grosse cuillère de déception. » C’est ce genre de boisson qui lui rappelle que, parfois, vaut mieux rien boire du tout, en fait. Néanmoins, il prend la peine de corriger son ingratitude en précisant : « mais eh, merci, 10/10 pour la tentative de m’faire changer d’avis. » Même si ce n’était pas exactement son but. Il prend note que ni le café ni le thé ne valent la peine, ce qui peut être un argument non négligeable quant à ne plus se rendre ici. Je pense être bien plus sélective que toi. Rien ne vaut un bon ristretto italien. Oh, bien sûr qu’il l’entend, l’accent latin qui lui indique qu’elle s’y connaît sans doute mieux que lui sur la question. « Tu peux pas leur apprendre à en faire ? Pour le bien commun, tout ça. » Le bien commun de ce groupe qui doit supporter un café dégueulasse. Poursuivant sur sa lancée, Jude ne peut s’empêcher d’être légèrement provocateur : « c’est quel genre de punition, ça, de passer d’un ristretto italien à un pays qui prône la vegemite ? » L’Australie n’est pas particulièrement réputée pour sa gastronomie et considérant que l’en-cas national est un genre de bouillon de légumes solidifié, ouais, pour quelqu’un de sélective, elle s’est bien punie.


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MessageSujet: Re: (jude) rps 2024   (jude) rps 2024 - Page 3 EmptyDim 6 Oct - 0:41

tu nettoies


w/@"rebekah blomsted" ☆☆☆ "J'avoue. Ca serait dommage que ça se passe mal. Après, je sais pas vraiment si entre eux, tout va bien. Ou bien s'ils se tirent dans les pattes parfois. Il me reste tellement de choses à apprendre sur eux !" - « Il s’tirent dans les pattes, c’est obligé. » La réponse est automatique, peu réfléchie, mais lui semble parfaitement cohérente. Toutefois, comprenant que ce n’est pas son rôle d’émettre des hypothèses sur une famille qui n’est pas la sienne, Jude se ravise rapidement : « j’veux dire, dans aucune famille c’est toujours tout beau, tout rose. » Il se corrige, avec une tentative de sourire pour paraitre moins dur qu’il n’y parait. Tant mieux pour elle si sa famille semble être si soudée et bienveillante, mais il n’y croit pas totalement, incapable d’imaginer qu’on puisse réellement compter autant les uns sur les autres. Il ne leur souhaite pas de connaître les mêmes tumultes que sa famille connaît, mais il y a forcément des moments où l’entente est moins au beau fixe. "Y'a juste avec ma belle-mère. C'est ... J'crois qu'on doit apprendre à s'apprivoiser." - « En même temps, c’est une sacrée surprise d’voir un gosse débarquer. Elle a b’soin de temps, ouais. » Il rétorque en haussant les épaules, avant d’ajouter, pour amener à un consensus : « Tu fais rien pour qu’elle te déteste donc bon, tu verras, ça va v’nir. » C’est sa version de « t’as rien pour qu’on te déteste, Rebekah » qui est un compliment trop positif pour qu’il s’imagine le verbaliser.

Ce qu’il peut s’imaginer faire, par contre, c’est de mettre à mal les plans de richesse de Rebekah si elle venait à se trouver un riche à épouser, en le laissant sur le carreau alors que les moyens financiers semblent similaires – même si son petit doigt lui dit qu’elle a nettement moins de dettes que lui. Il en rigole, Jude, mais la vérité est que ses désirs d’escalade sociale et ses propres intérêts priment sur tout le reste ; il a déjà démontré par le passé que sa loyauté était chancelante et que l’éthique n’est pas franchement un mot connu de son vocabulaire. "Hann ! Je suis outrée !" En guise de réponse, il se contente de hausser les épaules avec un rictus provocateur collé sur les lèvres ; essaie et tu verras. "Si tu fais ça ... t'auras plus le droit à mes bonnes pâtisseries." Il fait mine de réfléchir un instant, finissant par préciser : « ouais, j’entends l’argument. J’sais pas encore c’que j’vais en faire, mais j’entends. » Oh, bien sûr, ce serait dommage, mais si la situation devait être amenée à se produire, il privilégierait la vengeance à son estomac – sans doute parce qu’elle n’en a pas conscience, mais lui aussi est en mesure de préparer de bonnes pâtisseries. Quoi qu’il en soit, la question ne se pose pas, car dans aucun monde il ne peut imaginer que Rebekah se mette effectivement à la recherche d’un héritier et qu’elle se joue ouvertement de sa nouvelle richesse. Ils apprennent peut-être encore à se connaître, mais elle n’a pas l’air ainsi.

L’humeur de Jude, vite changeante, connaît une première agitation alors qu’elle évoque le sujet de ses recherches d’emploi. Personne ne lui laisse sa chance, bien évidemment à cause de son jeune âge et son inexpérience, et non pas à cause d’une amabilité toute relative et d’un casier judiciaire bien rempli. "Tu cherches dans un domaine en particulier ? Peut-être qu'il y a des postes de dispo à ABC. Tu veux que je me renseigne ?" - « N’importe quoi qui soit accessible sans avoir terminé le lycée, quoi. » Il dit, un peu défaitiste. Il peut mettre le problème sur ce compte-là ; sur un diplôme qui détermine leurs valeurs, acquis sur la base d’une facilité à retenir par cœur des connaissances qui sont oubliées aussitôt l’examen passé. Le système scolaire ne laisse que peu de place aux gens comme lui, dont l’agitation est considérée comme de l’ignorance, la mise en application bien plus aisée que l’apprentissage de la théorie. « J’doute qu’une boîte comme ABC engage sans références, mais merci quand même. » Ou, à la rigueur, pour les jobs dont personne ne veut ; et il ne se voit pas passer ses journées à apporter du café sous prétexte qu’il n’a pas « assez étudié en cours », que les gens s’imaginent, alors qu’il était pourtant de nature curieuse et travailleuse. "Oui. Parce que j'ai pris toutes mes économies pour déménager dans le coin. Et faudra sans doute que j'envisage de faire un prêt." Ça aussi, c’est un truc qui lui échappe, sans doute parce qu’il ne comprend toujours pas l’illusion d’une famille parfaite. Jamais il n’aurait mis ses économies en jeu de cette façon, mais il sait aussi qu’ils sont très différents sur cet aspect-là. « Y’a p’t’être moyen d’avoir une bourse, non ? » Quelque chose qui ne l’obligerait pas à vivre à crédit pendant de nombreuses années. "Mais aussi parce que ... parce que je sais même plus si je fais médecine pour moi ou pour mon père. Je sais bien que j'avais choisi médecine avant de faire sa rencontre. Comme si quelque chose m'y avait poussé. Mais maintenant, ouais ... Faut que je m'assure que ça soit bien pour moi que je le fasse. Et pas pour quelqu'un d'autre." - « Ouais, c’est clair. » Il rétorque, comprenant que la pression induite par la famille, même involontairement (elle est peut-être là, la faille dans celle de Rebekah), n’est pas un critère de bonheur et d’épanouissement. À sa manière, il l’a constaté au sein de sa propre famille. « Bon, t’as encore le temps de décider, et l’avantage d’être assez jeune pour tester d’autres trucs en attendant. » Et voir ce qui lui convient le plus ; après tout, elle a des diplômes, elle, et des études supérieures à son avantage, ce qui peut amener à plus d’opportunités.

Des opportunités dont elle bénéficiait peut-être déjà auparavant, si son père est médecin ; les rôles sont redistribués et peut-être qu’elle est l’héritière à marier, Rebekah. Et il lui en veut, un peu, sans même prendre en considération le fait qu’elle vivait avec sa mère et que son père ne subvenait pas à ses besoins par le passé. "Epouse-moi dans ce cas là." - « Ouais, attends, j’me mets à genoux dès que j’ai fini de surveiller le lait, j’te rappelle que ça doit pas déborder, ordre de la cheffe. » Alors il y a des priorités ; le lait, et peut-être après, la demande en mariage. "Tu verrais mon compte en banque, j'suis loin d'être une héritière." Sauf qu’il n’est probablement pas en négatif comme le sien et qu’aux yeux de Jude, ça représente déjà un certain niveau de confort qu’il envie. "En vrai, on devrait demander à Josephine. J'suis sûre qu'elle doit avoir de bons plans." - « Non, mieux, mariez-vous avec Jo, vous ferez des heureux. » Lui, par exemple, et si Jude affiche un regard entendu et un rictus aux lèvres, c’est uniquement pour se moquer du vieux cliché des mecs excités par les lesbiennes. De son côté, ce qui l’excite dans cette situation, c’est de savoir que deux personnes avec qui il a des relations plutôt  positives pourraient assurer ses arrières, ouais, c’est ça, son vrai fantasme. "Si tu peux me mettre le lait dans ce récipient." Obéissant toujours aussi docilement, il transvase le lait dans ledit récipient.  "Après, j'vais mélanger. Et puis... Oh oui, si tu peux me faire préchauffer le four à trente degrés. Comme ça, une fois que j'aurais fait la pâte, on pourra l'arrêter et mettre le bol dedans. La pâte gonflera plus rapidement." Hochant la tête tout en s’exécutant, il s’adosse au comptoir une fois le four mis en marche à trente degrés. « Vous avez quoi d’autre comme spécialités, en Suède ? » Il questionne, parce qu’il a le vague souvenir que tout n’est pas si bon que des roulés à la cannelle. « Vous bouffez du renne, non ? » Et, tout à coup, ses yeux s’illuminent alors qu’il ajoute : « Oh et puis ce truc qui vient de Chernobyl, là, le poisson qui éclate dans sa conserve, c’est ça ? » Ouais, un peu plus et sa curiosité l’amènera à proposer ça pour le prochain atelier cuisine. Rip les colocs. Et les voisins. Et la ville tout entière, vu l’odeur du truc, bon. Les nouvelles expériences ont toujours nécessité quelques sacrifices, non ? 


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blinding lights

w/@"gracie moon" ☆☆☆ Pas franchement réputé pour ses bonnes manières, Jude est très mal placé pour reprocher ainsi celles de Missy lorsqu’elle l’abandonne entre les mains de sa sœur aînée. Dans un sens, l’intention est louable, mais aux yeux du jeune homme, cette rencontre forcée s’apparente à un avant-goût de l’enfer. Et il n’est pas (totalement) de mauvaise foi, Jude, il a bien conscience que, concrètement, il n’a aucune raison d’en vouloir à la jeune femme. En apparence, Gracie réunit tous les critères pour se faire apprécier ; mais c’est justement ça, qui le dérange. Son sourire parfait, ses anecdotes sans saveur, sa docilité cachée derrière sa serviabilité, sa constance dans son manque d’originalité, sa dévotion pour la routine, … toutes ces choses qui lui donnent l’impression que la présence de Gracie pourrait être échangée avec celle d’un grille-pain qu’il n’en serait que plus heureux ; dans les deux cas, ça fait du bruit, mais l’un est quand même plus utile que l’autre. Si l’ennui avait un visage, ce serait sans doute le sien, celui qui hurle à Jude « je suis si insipide que même l’eau plate a plus de personnalité ». Ou, en l’occurrence, le jus qu’elle lui propose et qu’il refuse dans un premier temps, avant de se raviser, soudainement piqué d’un élan cruel à se jouer d’elle. Ce n’est pas tant qu’il est sadique, Jude, c’est simplement que la personnalité de la jeune femme le fascine malgré lui (mais pas dans le bon sens du terme). Il est épaté d’une telle… ordinarité. Il n’a même pas l’impression que Gracie cache une face plus sombre, une qu’elle cacherait derrière une affligeante banalité dans une tentative de contrôle ; non, elle semble naturellement inintéressante, et loin d’être pris de pitié pour les raisons qui l’amènent à n’être qu’un paillasson pour les autres, il a surtout envie de la secouer pour la confronter au monde réel.

Sans surprise, le regard de Gracie est aussi vide que celui d’un poulet sous tranquillisant quand il évoque ce documentaire mis sur pause, et même sa réponse est d’une fadeur sans pareille. "Mmh, ça a l'air instructif. Et important." - « Considérant que genre 70% d’la déforestation en Amazonie en liée à l’élevage, qu’ça représente aussi environ 15% des gaz à effet de serre, que la demande toujours plus élevée des consommateurs amène à raser des surfaces forestières entières pour en faire des surfaces d’élevage, que les produits phytosanitaires polluent de ouf les sols et les cours d’eau, oui, je dirais que le sujet est important, Gracie. » Il rétorque avec son fin rictus d’emmerdeur plaqué sur les lèvres, ne pouvant s’empêcher de rajouter : « Mais c’est toujours bien de sourire devant un beau tableau, n’est-ce pas ? » Elle y verra sans doute une comparaison sarcastique avec l’aveuglement du monde sur cette question, il pointe surtout du doigt sa méditation intellectuelle si poussée. C’est fou comme le vide peut sembler rempli de sagesse, dis donc. "Je ne m'inquiète de rien, je ne voulais simplement pas que tu restes trop seul." - « J’peux t’faire signe quand j’commence à discuter avec les meubles, si tu veux ? » Quoiqu’ils auraient sans doute plus de conversation, mais c’est un détail qu’il arrive à garder pour lui, bon prince qu’il est, hautement respectueux de son amitié envers Missy (à défaut qu’il le soit à l’égard de sa sœur). À vrai dire, il n’est même pas persuadé que Missy lui en voudrait tant que ça à essayer de secouer son aînée, considérant qu’elle s’est si souvent plainte de ne pas y arriver par elle-même malgré de nombreux efforts. Il n’est pas sûr d’être plus doué dans le domaine (d’autant qu’il doit quand même reconnaître la persévérance de Gracie à essayer d’être l’ambassadrice de l’ennui), mais il a le mérite de ne pas avoir d’attaches, ce qui peut l’amener à frapper plus fortement. Et plus durement, certains diraient. Plus injustement, surtout. "J'ai des trucs à finir dans la cuisine, de toute façon." - « Ah, mais fallait commencer par ça, la cuisine, ça me parle, j’ai la dalle en plus. » Gracie s’est déjà échappée, mais il ne lui laisse aucun répit, ombre qui la suit jusqu’à sa zone de retranchement pour mieux saccager celle-ci. « Ça sent bon. » Un compliment, c’est bon, il l'a dans la poche, non ? « T’as préparé quoi ? Ça t’ennuie si je goûte ? » La demande n’est que pour la bonne forme, il s’en est évidemment donné l’autorisation en plongeant son doigt dans la casserole, avant de le porter à sa bouche et de l’ôter de celle-ci avec un bruit volontairement accentué. « Tu sais, à l’heure de la cuisine moléculaire, de la créativité et des expérimentations audacieuses c’est beau d’voir quelqu’un préparer des choses simples avec tant de soin. » Il rétorque, son regard dans le sien, ne jouant plus seulement de son sourire provocateur, mais également d’une différence de vingt centimètres de hauteur.


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